L’angoisse n’est pas une émotion (comme la peur ou la colère) ni un sentiment ( comme l’inquiétude, l’appréhension, l’insécurité…).
L’angoisse est une sensation du corps très particulière. C’est une sensation de resserrement, une douleur physique localisée.
En effet, ce mot vient du latin angustia qui signifie « passage resserré ».
L’angoisse est donc une sensation très précise, qui peut se manifester à trois niveaux : gorge, cage thoracique ou ventre. Si vous croyez être angoissé, mais que les sensations sont dans la tête, ou bien dans tout le corps, il s’agit alors d’autre chose.
L’angoisse peut se se manifester par :
– une boule dans la gorge
– une oppression au niveau de la poitrine (qui empêche de respirer normalement)
– une boule ou un noeud dans le ventre.
L’angoisse est une sorte de crampe. Vous parlez généralement de crampes à propos des muscles striés, ceux que vous pouvez contracter volontairement (mâchoires, muscles des jambes…). Ici, il s’agit plutôt des muscles lisses, que seul l’inconscient peut contracter (oesophage et trachée, bronches, estomac et intestin).
Je ne saurais vous dire comment vous vous faites des crampes musculaires classiques, mais l’angoisse semble avoir une cause simple.
Nous verrons plus en détail dans un autre article la cascade, ou l’effet domino des phénomènes qui s’enchaînent dans chaque expérience de vie :
Un évènement déclenche une pensée (qui inclue souvent un jugement, et s’intensifie en sentiment), qui déclenche à son tour une émotion (énergie qui se met à circuler dans le corps), qui produit une sensation dans le corps (agréable ou pas) et il en découle un comportement.
L’angoisse se situe au niveau de la sensation dans le corps.
C’est le signal qu’en amont, au niveau de l’esprit et des pensées, il y a eu une NON-ACCEPTATION RADICALE de ce qui est en train de se passer. Un « non » catégorique, un « niet! » très puissant. Alors, l’esprit se ferme brutalement comme un huître et vous en sentez l’écho dans votre corps, et « ça ne passe pas », il y a empêchement, obstruction. L’énergie vitale est d’un coup freinée par ce resserrement en profondeur.
Le diagnostique différentiel vous revient alors, et vous pouvez vous demander : « qu’est-ce que je n’accepte pas maintenant ? ». Et comme il n’y a que trois étages possibles pour cette manifestation, il est possible que différents refus de l’esprit se logent au même endroit, peut-être à des moments différents de la journée, et la boule au ventre du lundi matin n’aura pas la même origine que la boule au ventre avant de rencontrer telle ou telle personne.
L’angoisse peut être précédée par une émotion de peur, ce qui fait croire que l’angoisse est causée par la peur. C’est le cas, par exemple, d’un enfant qui a peur d’aller à l’école, pour diverses raisons, et qui dit « j’ai mal au ventre ». C’est une angoisse.
Mais l’angoisse ne passe pas forcément par la peur. Lorsqu’elle vient de l’idée que « c’est insupportable, inadmissible », cela veut dire que vos valeurs peuvent être touchées, et alors, l’émotion intermédiaire sera plutôt la colère.
Parfois, aussi, vous pouvez dire « oui », ou accepter une décision, alors que votre être profond hurle « non ! » avec force et désespoir. Et cela peut générer des crises d’angoisse, sans que vous compreniez pourquoi.
Vous pouvez aussi créer une angoisse qui se surajoute à une peur. Quelqu’un qui a des attaques de panique (phobie sociale, agoraphobie…) va sentir venir les symptômes, monter les sensations (vue qui se brouille, tremblement, chaleur, jambes en coton…) et au lieu de gérer la crise calmement, comme un asthmatique prendrait sa ventoline et ferait de la respiration consciente, cette personne peut se dire intérieurement « oh! non, oh! NON!…» et déclencher alors de l’angoisse qui se superpose à la peur panique.
Inversement, vous pouvez avoir des angoisses incompréhensibles consciemment, et commencer à avoir une peur liée à l’incompréhension ou à la perte de contrôle. Vous pouvez donc avoir juste de la peur, juste de l’angoisse, ou bien les deux. Mais elles ne sont pas de même nature, comprenez-le bien.
Le remède anti-angoisse est simple, même s’il n’est pas toujours facile à mettre en pratique.
Il s’agit de l’ACCEPTATION. Accepter ne veut pas dire être d’accord avec une personne ou une situation, accepter veut dire reconnaître que les choses sont telles qu’elles sont, qu’il vaut mieux le reconnaître plutôt que d’être dans le déni, et ENSUITE vous pouvez penser aux possibilités d’action ou de changement. Vous passez donc du « ou » (j’accepte ou pas) au « et » (ok, j’accepte, et j’ai ensuite le choix entre diverse options). L’acceptation est une libération de l’angoisse, une OUVERTURE de l’esprit.
J’espère que vous avez saisi les nuances de ces relations de cause à effet, et que cela permettra de fragmenter un problème diffus, inquiétant et « important », en une cascade, un enchaînement de phénomènes successifs différents : pensées, sentiments, émotions, ressentis du corps, comportements. Et nous pouvons agir à ces différents niveaux mais de manière différentes car une pensée n’est pas de même nature que l’énergie d’une émotion, ni la somatisation. Et le travail effectué en hypnose va dans ce sens.
Et de même que l’ignorance crée la peur, la connaissance plus précise des mécanismes humains rassure et invite à travailler petit à petit, progressivement, a des niveaux différents.
Et rappelez-vous : comment mange-t-on un éléphant ? une bouchée à la fois, coupé en petits morceaux…